dimanche 27 décembre 2009

Un très joli poème de Lucien Aymard.




 "Je veux, si je suis élu président de la république, que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid. Parce que le droit à l'hébergement, je vais vous le dire, c'est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez-le bien : si on n'est plus choqués quand quelqu'un n'a pas de toit lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s'en trouvera remis en cause." Nicolas Sarkozy


La rencontre.
 
Il était là, couché, son chien collé à lui
Il se pelotonnait pour affronter la nuit
Recouvert des haillons d'un duvet sans couleur
Nous regardant passer de ses yeux sans lueur
 
Peut-être avait-il froid, peut-être avait-il faim,
Peut-être attendait-il un bien meilleur demain.
Quand on s'est arrêtés son regard a changé,
On a eu l'impression qu'on l'avait dérangé
 
Le chien m'a regardé sans faire un mouvement
Habitué qu'il est à vivre librement.
Mon sandwich à la main, quand je me suis penché,
Son maître m'a souri et lui s'est pourléché.
 
J'ai tendu une boîte d'un aliment pour chien
Là, l'homme s'est assis, il m'a dit "ça c'est bien"
Puis m'a remercié d'un accent guttural
Et a ouvert la boite devant son animal.
 
Comme deux affamés, chacun sur sa pitance
S'est jeté goulûment comme on saisit la chance
Les yeux écarquillés, n'ayant soudain plus froid,
L'un remuait la queue, l'autre agitait les bras.
 
Nous avons engagé une conversation,
L'homme nous étonna par son érudition,
Il avait succombé aux malheurs de la vie
Il était dans la rue, mais sans aucune envie.

6 commentaires:

  1. Valse d'un errant (Gérard Gorsse)

    V'la déjà que tombe la nuit
    J'ai pas becté depuis c'midi
    Raté la soupe populair'
    J'ai pas trouvé j'ai pas su fair'
    Mes pieds traînent sur le trottoir
    Me port'nt plus loin un peu plus tard
    A espérer un lendemain
    Fait de chaleur et puis de pain
    Mais v'la déjà que sonn' minuit
    Dans des cartons je fais mon lit
    Mais v'la déjà que sonn' minuit
    dans des cartons j'commenc' ma nuit

    L'aube blafard' pointe son nez
    J'peux mêm' pas dir'r que j'ai rêvé
    J'ai l'estomac dans les talons
    Il fait pas chaud j'ai pas un rond
    Je pouss' plus loin vers le marché
    Des fois qu'y aurait de quoi manger
    Y sont tous là mes compagnons
    A guetter le moindre trognon
    Avec des yeux de désespoir
    A quémander à tout hasard
    Avec des yeux de désespoir
    A quémander sans crier gar'

    Un peu plus tard voila la pluie
    Qui me trempe tous mes habits
    Je trouv' refug' dans le métro
    Où que s'abrit'nt tous mes potos
    "A votr' bon coeur mesdam's messieurs"
    Clament en choeur les miséreux
    Au bout d'un' heur' j'ai dans la main
    De quoi m'offrir ma dos' de vin
    Je remonte vers le brouillard
    Pour lichtronner sur le boul'vard
    Je remonte vers le brouillard
    Pour lichtronner comm'un pochard

    Je m'avance dans la soirée
    Je me demand' où j'vais croûter
    Au coin d'un' rue un peu d'soleil
    Ils m'donn'nt un' soup' dessous le ciel
    J'ai dans le ventr' un coin tout chaud
    Les pieds glacés, froid dans le dos
    Pas dit merci j'ai oublié
    Je suis parti sans m'retourner
    Dans notr' hiver nous les sans-rien
    On est personn' que train'-la-faim
    Dans notr' hiver nous les sans-rien
    On est personn' mêm' pas des saints

    Le p'tit René c'est un marrant
    Un doux un tendr' qui rit tout l'tems
    Dans ses cartons m'emmèn' chez lui
    Pour boir' un coup passer la nuit
    Il gèle fort sur le pavé
    On s'serr'un peu pour s'réchauffer
    Je me réveill' c'est un cauch'mard
    A côté d'moi il est trop tard
    Le p'tit René il respir'plus
    Un que le mond' n' r'verra plus
    Le p'tit René il respir'plus
    Un que le mond' n' a pas voulu

    Mon p'tit René
    Moi j't'aimais bien
    J'ai pas pleuré
    Ça n'sert à rien
    A quoi ça sert
    Mon p'tit frangin
    Frèr' de misèr'
    On n'est moins qu'rien

    En souvenir du temps de ma jeunesse, quand j'ai vécu dans la rue.
    Fraternité aux frangins de misère.
    Gérard Gorsse

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  2. Jolis textes, hommages dignes et intelligents.
    Bonne fin d'année Jean-François, et à bientôt.

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  3. que c'est beau et si vrai....pourquoi on ne nous "passerait pas" un extrait chaque jour à la radio ou au journal de 13h plutot que leurs conneries....
    marie-claude

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  4. c'est un très beau poème qui rappelle ce côté que les autres ne veulent pas voir
    je te fais une grosse bise

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  5. excellent , en effet .

    bonne année 2010 .

    Amicalement

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  6. On ne lui connaissait pas ce talent de "pouete" à notre Lucien.
    Amités de nord
    Pat

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