Alors, en hommage, je voudrais que vous lisiez ce poème d'un de mes beaux-frères, assez remarquable, et complètement d'actualité : il s'appelle "Amsterdam" (en hommage au grand Jacques Brel, je suppose). La première chose que j'ai remarqué, c'est l'absence de ponctuation, comme Appolinaire, parait-il, la deuxième, c'est la référence à Saint Just le vrai juste de la grande Révolution Française (pas la Révolution Tunisienne très sympathique, très grande et d'actualité) :
il fait froid ce matin de
décembre une petite buée se forme devant la
bouche
des condamnés du givre
s’est déposé sur les pavés de la
cour
des odeurs marines des souvenirs
de voiliers balançant leurs mats dans le vent
dispersent les pensées tristes les chagrins
dans le bleu froid du matin
le représentant des hommes
libres
a du mal à tenir sa feuille dans le vent le mensonge dit-il
le mensonge il doit élever la voix à cause du vent le mensonge
expression du mépris
de ce que nous sommes hommes et femmes enfants bébés et ceux à naître
et qu’il est un crime
contre nous hommes et femmes enfants bébés et ceux à naître
le mensonge est de ce fait
interdit condamné puni sanctionné
gardes dit-il avancez d’un pas
il regarde alignés contre le mur de la bibliothèque villepin le costume froissé se penchant sur
sarkosy cravate déchirée pour lui donner du feu
royal le tailleur blanc maculé de boue tendant les bras
vers le peloton une rose en forme de baiser dans sa main
vous ne savez pas ce que vous faites dit-elle aux
soldats
aubry pensant à blair qu’on aurait déjà pendu trafalgar
square la bouche et les oreilles bourrées de livres
sterling
strauss kahn qui à ce moment là aurait tellement
aimé s’appeler
strauss
strauss tout court
strauss johan strauss le beau danube
et non ce bel argent qui coule
à washington devant son bureau en or massif
valls un bout de papier froissé à la main écrire oh écrire un
dernier mot mais ne sait plus
gaucher ou droitier droitier ou gaucher et fait tomber le crayon sur le macadam
cohn
bendit hirsute qui porte une pancarte d’infamie autour du cou
a vendu son âme
contre les $ de canal +& du fout bol
et angela qui nous venait pourtant d’un pays si peu enclin à l’ivresse de l’or
qui était même fille de pasteur comment a-t-elle pu
&
tous les autres beaucoup qui attendent leur tour
entassés dans les wagons
sauf
obama
fopaexagérer
et soudain le cap cap cap
le capitaine qui commande le peloton des gardes
un certain jésus de saint just
chapeau empanaché et pieds nus
regard droit planté dans leurs yeux comme des balles
je suis contre la mort
dit-il
je vous fais grâce je vous condamne
à tirer
comme des bœufs dans la boue glacée de l’hiver
dans ce chemin de brume
à remorquer votre poids de mensonge
et dans la cour on entend déjà le grincement des charrettes sur les pavés de la cour
et partir
au loin
au
l
o
i
n
Poème de Denis Arché auteur de livres dont le dernier : "Dans la fuite incessante" publié au "Seuil" dont je vous ai déjà parlé, je crois.
Salut mon bon Jean François,
RépondreSupprimerJuste pour te signaler deux bons bouquins Kaar Kaas Sonn, une réédition : " Au Sahel les cochons n'ont pas chaud", et son dernier "Avec nos mains de chèvre".
K.K.S. est un pseudonyme, en fait Flavien est natif du Tchad, enseignant en France, et slameur de talent. C'est un griot qui nous parle de son pays dans une langue de Molière à faire pâlir bon nombre de chanteurs actuels qui massacrent allègrement le français..
A voir sur mon site : http://chansonrebelle.com/parutions-cd-/-livres/kaar-kaas-sonn.html
Et puis Dominique Branier d'origine martiniquaise qui a sorti un CD sur Louise Michel "Sacrée Louise" et qui m'a envoyé, en plus de ses voeux, un texte de jeunes de la bande de Gaza : http://chansonrebelle.com/paroles-d-internautes/dominique-branier-voeux-et-temoignage-des-jeunes-de-gaza.html
Je t'embrasse
Salut et fraternité
Gérard Gorsse
Bonsoir Jean François,
RépondreSupprimerSuperbe !!! Peut-être tous ces personnages devraient-ils aller lire ce poème et y réfléchir de la manière la plus honnête, pas la leur donc.
Amitiés et Bises de Béa
Lucien
J'ai eu la chance de connaître Jean Pierre Rosnay, non pas à la télévision, mais dans son bar "Le Club des Poètes" rue de Bourgogne. Des soirées mémorables : "Que VIIIIIVE la Poésie" ! clamait-il.
RépondreSupprimerJ'ai appris en son temps la triste nouvelle de sa disparition , bien discrète, il est vrai !